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Entraïnament a la Dictada 2014 (Provençau) - Vent e Fuèc per Josiana Ubaud
Josiana Ubaud
Comment faire ?

Pour vous entraîner à la
Dictada avec Josiana Ubaud, il vous suffit de : 
- Réaliser votre dictée en écoutant le texte dans le lecteur ci-dessous. 
- Faire vos corrections grâce à la transcription que vous trouverez en affichant la page en occitan. 
- Et si vous le souhaitez, vous trouverez ci-après la traduction du texte en français. 

Bona Dictada ! 


VENT ET FEU

Je me morfonds toujours d’inquiétude quand j’entends la violence du mistral … Il m’a fallu beaucoup de temps pour comprendre le pourquoi de ce sentiment diffus d’angoisse. J’ai compris un jour que c’était étroitement lié au feu. Le cabanon qu’avait ma famille à côté de Marseille était en pleine pinède. J’ai donc associé les tempêtes déchainées du mistral à sa conséquence immanquable : les feux mis exprès par les fous pyromanes de la contrée qui nous tenaient tous en alerte. Car le feu, par la folie des hommes, est une donnée incontournable en terres méditerranéennes : il leur sert d’exutoire à une personnalité déséquilibrée, à gérer rancunes et vengeances de voisinage ou de sociétés de chasse, en dehors, autrefois, à gagner des pâturages sur la forêt et la garrigue.

Jeune donc, le bruit du vent me mettait dans un état d’inquiétude subite. Il me faisait lever la nuit pour aller guetter par la lucarne des toilettes si le ciel ne rougeoyait pas, signe d’incendie plus ou moins éloigné, encore plus dangereux de nuit s’il fallait nous échapper. La moindre odeur de feu me tenait sur mes gardes tant que sa sourse n’était pas localisée : grillade du voisin (ouf ! pas de danger !) ou fumée plus éloignée difficilement identifiable dans l’instant et donc génératrice d’angoisse.

J’ai connu, chaque été, le ballet sempiternel des avions jaunes et ventrus qui chargeaient dans la mer ou dans l’étang de Berre, selon la violence du vent. J’ai connu les branches arrachées et le pin tombant sur la ligne électrique, tirant des étincelles menaçantes. J’ai connu la nécessité de quitter le cabanon dans l’urgence, car le feu galopait dans le vallon derrière la colline. J’ai connu lo cabanon sauvé de justesse par l’épandage de retardants par un Canadair : il en reste sur les rochers d’éternelles traces rouges. Et toujours avec lo bruit du vent que vous assordissait, vous forçait à crier pour pouvoir être entendu, ajoutant une couche de violence à l’évènement.

Oui, pour moi, bruit du vent et feu sont indissociables : il m’en reste un sentiment de malaise, fut-il sans raison objective, et une sensibilité aigue du nez à toute odeur de brûlé.